Monique Dagnaud : « En matière de recherches je suis passée des élites à la Génération Z ».

Quel est le point commun entre les élites, la communication et la jeunesse ? Réponse avec Monique Dagnaud, directrice de recherche CNRS émérite à l’Institut Marcel Mauss. 

Dans l’interview ci-dessous, celle qui a été maître de conférences à Sciences Po Paris (1977 à 2008), membre du Conseil Supérieur de l’Audiovisuel (1991 à 1999) et membre du Conseil de surveillance du groupe Le Monde (2005 à 2010), revient sur son itinéraire intellectuel et précise la nature de ses recherches.

Comment et pourquoi être passée de recherches sur les élites à des travaux sur la communication ?

Le passage s’est fait naturellement. Les élites accordent une telle place à la communication que parler des unes sans se soucier de l’autre relève d’un contresens majeur. J’ai ainsi peu à peu abandonné mes recherches sur les élites pour mieux me familiariser avec cet univers auxquelles elles m’avaient sensibilisée.

Au travers de divers articles et de plusieurs ouvrages, j’ai abordé de nombreux aspects de la sociologie des médias  : les spécificités de la régulation audiovisuelle à la française, l’exception culturelle, la télévision publique, la publicité, le financement des médias, la protection des enfants et des adolescents, la diversité culturelle, la concentration, la culture et les valeurs liées à internet, sa régulation, les loi DADVSI et HADOPI, les politiques envers le cinéma, la presse écrite… J’ai aussi mené plusieurs enquêtes, dont une sur les professionnels des médias (producteurs audiovisuels) et une seconde sur le thème « politique et médias », conduite grâce à une immersion dans le cabinet de Martin Hirsch lors de la mise en place du RSA courant 2008. Ces analyses ont d’abord été focalisées sur le contexte français, puis elles se sont progressivement ouvertes, via un mode comparatif, sur les situations à l’étranger, notamment avec d’autres pays européens et avec l’Inde.

Quid du pont entre communication et cultures jeunes ?

Les cultures jeunes influencent grandement la communication ; s’intéresser aux évolutions de la communication revient en réalité à s’intéresser aux nouveaux comportements liés aux cultures jeunes. C’est ce qui m’a incitée à mener de nombreuses recherches sur les jeunes, leurs pratiques culturelles et leurs difficultés d’insertion dans la société contemporaine.

J’ai conduit en 2001 un bilan général des travaux sur la culture et le mode de vie des 15-24 ans. Dans un autre registre j’ai étudié l’environnement social et éducatif des mineurs délinquants auteurs d’actes graves (recherche effectuée avec Sébastien Roché en 2002) et effectué une enquête sur les pratiques festives des 18-24 ans dont les résultats sont parus dans un livre publié au Seuil en janvier 2008 sous le titre : La teuf, essai sur le désordre des générations.

C’est donc votre travail sur la jeunesse qui a vous conduit à travailler sur les générations Y et Z ?

Depuis 2008, j’explore la mutation anthropologique introduite par la société en réseaux, en observant en tout premier lieu les nouvelles générations, alors que l’usage d’internet arrive à maturation. Ce travail a fait l’objet d’un livre paru en 2011 aux éditions Presses de Sciences Po sous le titre Génération Y, les jeunes et les réseaux sociaux : de la dérision à la subversion. Une nouvelle édition augmentée de ce livre est parue en janvier 2013.


Publications (depuis 2011)

Livres et direction d’ouvrages

2016

2013

  • DAGNAUD, Réédition en édition augmentée de : Génération Y, les jeunes et les réseaux sociaux : de la dérision à la subversion, Paris, Presses de Science Po.

2012

  • DAGNAUD & K. Feigelson (dir.), Bollywood industrie des images, (numéro de la revue Théorème), novembre 2012.

2011

  • DAGNAUD, Génération Y, les jeunes et les réseaux sociaux : de la dérision à la subversion, Paris, Presses de Sciences Po, 2011, 2013 (nouvelle édition)