Le refus des constructions sociales « contre nature », abstraites et rationalistes, commence à se faire jour. D’où le besoin de fonder l’être ensemble sur une sensibilité commune.
L’enjeu du dernier livre (Ecosophie éd du cerf) de Michel Maffesoli est de repérer les courants qui silencieusement illustrent le propos.
Dans l’interview ci-dessous, le Professeur émérite à la Sorbonne, membre de l’Institut universitaire de France et du comité d’honneur de la FEDE, nous en dit davantage.

Quels sont les temps forts de votre dernier ouvrage ?

J’examine des notions ; la première porte sur la distinction progressiste/progressive ; une société progressive est une société qui respecte la tradition sans pour autant être figée dans le passé ; être dans le progressif signifie avoir compris que pour aller de l’avant il faut être solidement  enraciné dans le passé ; c’est la connaissance du passé fondant un projet pour l’avenir qui assure un présent consistant ; une société progressiste, elle , regarde un peu trop vers l’avenir qu’elle juge, quoiqu’il  advienne, plus radieux qu’un passé forcément dépassé.

Quelles sont les autres notions que vous étudiez ?

La première est celle de sacralité : la sacralité est une forme d’enthousiasme ; c’est un affect qui nous met en lien avec quelque chose qui nous parle de manière intime et qui en même temps nous dépasse de manière infinie. Ce sacral est présent dans bien des sphères de la culture populaire (rassemblements sportifs, musicaux…). La seconde est celle d’habitus ; l’habitus est une atmosphère mentale, une attitude mentale si l’on prend la terminologie de Pierre Bourdieu. Pour moi, l’habitus est une habitude, un code (originellement l’habit) lié à son environnement.

Le travail sur la notion d’habitus vous permet-il d’avoir des idées neuves sur l’éducation ?

Bien sûr. La modernité a été commandée par « l’educare », le fait d’éduquer ; la post modernité (la période actuelle), quant à elle, se caractérise par l’accompagnement que j’appelle initiation. Plutôt qu’être verticale, la transmission gagnerait à être un peu plus horizontale, cela signifie qu’elle devrait aller chercher l’étudiant dans l’habitus (habitudes, codes, savoirs, goûts) qui est le sien. Redécouvrir les bienfaits de la démarche socratique (maïeutique) est donc le vœu que je formule. Dernier point, c’est également à partir de la notion d’habitus (du salarié) que doit être construit le coaching d’entreprise… Pour moi, le coaching est le nouveau nom de l’initiation.