Le 28 octobre 2021, la FEDE et la FÉdération française des Écoles de NAturopathie (FENA) ont signé un Protocole de coopération pédagogique lors de l’Assemblée générale de la FEDE. Il porte notamment sur les pré-requis et compétences nécessaires pour exercer dans le secteur de la naturopathie et du bien-être.

Rencontre avec le Dr Alioune Diaw, président de la FÉNA

 

  1. La FENA œuvre depuis plus de trente ans pour la reconnaissance et la promotion de la naturopathie en France, notamment via des écoles agréées et des naturopathes certifiés. La FEDE et la FENA souhaitent s’impliquer ensemble dans la structuration institutionnelle et l’encadrement juridique du secteur. Pourriez-vous nous présenter brièvement les principales caractéristiques de votre secteur ?

La naturopathie fait partie des disciplines qui s’inscrivent dans la démarche d’amélioration de la vie: le stress, les problèmes de sommeil, la gestion des émotions sont des préoccupations fortes, intensifiées par la crise de la Covid-19. Les gens souhaitent améliorer leur forme physique et leur bien-être. L’alimentation est également au cœur de leurs préoccupations..

La plupart des praticiens exercent en cabinet, mais ils élargissent leurs lieux d’intervention dans les entreprises, où la naturopathie commence à faire son entrée.

Je prends ici l’exemple de la France car j’y suis implanté.

 

 

  1. L’un des objectifs principaux du Protocole entre la FEDE et la FENA vise à renforcer la démarche qualité des écoles de la filière pédagogique 06 « Sport, Santé, Social, Education». Selon vous, comment la FEDE et la FENA pourraient renforcer les liens avec les entreprises du secteur de la naturopathie et assurer la bonne correspondance entre la formation et les besoins en compétences ?

Le développement de l’activité de naturopathe peut s’appuyer sur de nombreuses stratégies, mais il repose avant tout sur une aptitude : la gestion d’entreprise. Une compétence parfois négligée, voire reniée, par certains praticiens de techniques de soin non conventionnelles. Or, l’activité ne se limite pas à l’installation d’un cabinet et à la prise de rendez-vous. Il faut aussi consacrer de nombreuses heures à la comptabilité, à la communication, à la prospection afin de vous faire connaître et ainsi vous constituer une clientèle suffisante pour assurer un niveau de chiffre d’affaires régulier et satisfaisant. La FEDE est experte dans le développement de référentiels avec des compétences croisées et peut ainsi aider à professionnaliser le secteur.

  1. Lors de l’Assemblée générale de la FEDE, vous avez cité quelques exemples de métiers en lien avec la naturopathie. Pouvez-vous nous présenter les débouchésde ce secteur qui vous semblent très prometteurs en matière de métiers d’avenir et de réponse à l’évolution sociétale ?

Les débouchés de la naturopathie sont nombreux dont entre autres les centres de remise en forme, de thalassothérapie, les spas ; les clubs de vacances et de loisirs ; les centres d’accueil d’événements (stages, séminaires, retraites) ; les fédérations et associations sportives ; les maisons de naissance ; les magasins bio ; les laboratoires de compléments alimentaires ; les Ehpad et centres d’hébergement de séniors. L’avenir du métier de naturopathe est très prometteur pour 2 secteurs :

  • Les entreprises et administrations publiques

Les entreprises de toutes tailles – et pas seulement les grands groupes – montrent un intérêt grandissant pour le bien-être de leurs employés. En 2020, 55 % des Français se déclarent stressés au travail. L’Indice de bien-être au travail (Ibet) montre que le coût du désengagement et de la non-disponibilité d’un salarié du secteur privé est de l’ordre de 14 310 € par an. De plus en plus d’employeurs organisent des activités de détente, souvent à l’heure du déjeuner ou en fin de journée, mais aussi des stages de quelques heures à une journée entière ou des ateliers d’une heure lors d’un séminaire. [ Le Global Wellness Institute https://globalwellnessinstitute.org/ dispose de données internationales qui peuvent intéresser de nombreuses écoles de la FEDE. Pour la France, qui me concerne plus particulièrement, le GWI estime qu’en France, 12 millions de personnes ont bénéficié de ce type d’activités en 2018, pour un budget de près de 2 milliards d’euros]. Pour accéder à ce marché encore peu occupé, il s’agit de démarcher en direct les sociétés via les comités d’entreprise et les référents en Qualité de vie au travail (QVT), ou bien de contacter les plateformes spécialisées en prestations de bien-être aux entreprises.

  • Les pharmacies

De plus en plus de pharmacies souhaitent former leurs préparateurs à la naturopathie. Elles accueillent aussi ponctuellement des prestataires naturopathes pour conseiller leurs clients en matière de compléments alimentaires, huiles essentielles et hygiène de vie. Le naturopathe peut aussi se faire connaître auprès des professeurs de yoga, de danse, d’arts martiaux, des sophrologues, des hypnothérapeutes, des réflexologues, des praticiens en shiatsu ou en massages bien-être, afin de toucher un plus large public en recherche de mieux-être.

Sources :

  • Bpifrance creation . “Devenir naturopathe” septembre 2021
  • ACCOR. « It’s a wellness world: the global shift shaking up our business », livre blanc publié en 2019.
  • ADP RESEARCH INSTITUTE. « Workforce View 2020 : une étude mondiale », publiée en janvier 2020.
  • GLOBAL WELLNESS INSTITUTE. « Europe wellness economy monitor », étude publiée en octobre 2018.
  • Informations recueillies par Bpifrance auprès d’Alexandra Attalauziti, présidente du SPN, en mai 2021.
  • LE MAGAZINE THERMAL. « La naturopathie en cure thermale », article publié le 07/03/2018.
  • MOZART CONSULTING POUR APICIL. « L’Ibet©, un indice pour mesurer le capital santé des collaborateurs », article publié le 16/10/2020.

 

Claude VIVIER LE GOT, présidente de la FEDE

 

Comment avez-vous rencontré le Dr Diaw et pourquoi la naturopathie ?

J’ai rencontré le Dr Alioune Diaw lors d’une AG de la FEDE. J’aime les AG car elles favorisent les contacts, nous y tissons des liens rapidement. Nous y avons fait connaissance et discuté de façon très conviviale de son secteur d’activité. Le bien-être m’intéresse depuis longtemps et il est porteur de nombreux métiers d’avenir qui sont encore à concevoir. Je suis une adepte de la semaine de jeûne, que je pratique depuis plusieurs années une à deux fois par an dans des centres spécialisés, souvent administrés par des naturopathes. J’y ai rencontré des vrais professionnels mais aussi des personnes qui confondent une sincère volonté de bien faire avec une véritable compétence professionnelle.  Le Dr Diaw avait déjà travaillé avec la FEDE dans le cadre de l’accréditation de ses formations au niveau Bachelor. J’ai été sensible à son désir de professionnalisation, par des parcours construits et scientifiques du métier de naturopathe, dans un secteur qui peut parfois basculer dans l’amateurisme.

Pourquoi avez-vous souhaité rapprocher la FEDE des fédérations professionnelles ?

La FEDE a pour objectif de professionnaliser les jeunes et d’accompagner les écoles dans la mise en œuvre des programmes pédagogiques. Mon rôle au sein de la FEDE est d’impulser une dynamique d’excellence aussi bien sur l’image que véhicule la FEDE, que sur les référentiels pédagogiques. Nous sommes des concepteurs d’avenirs professionnels et la démarche qualité 360° est la boussole de notre métier. Innover, anticiper, construire les compétences de demain ne peut se faire sans un lien étroit avec les fédérations professionnelles, qu’elles soient nationales, européennes ou internationales. Nous avons besoin mutuellement l’une de l’autre. Comme vous le savez, les projets sont facilités par les relations humaines, ainsi, lorsque j’ai appris que le Dr Diaw était le président de la FENA je lui ai immédiatement proposé d’avancer ensemble. La FEDE apporte une dimension institutionnelle et une réflexion experte sur le croisement des compétences. La FENA apporte une expertise métier et une maitrise des contenus. Pour résumer, la FEDE a une approche transversale des secteurs, et la FENA, tout comme le GEOPA COPA pour l’agriculture en Europe ou la FNIH pour l’hôtellerie et le tourisme au Maroc, avec lesquelles nous avons également signé des partenariats, a une approche verticale et experte d’un secteur. Travailler ensemble ne peut qu’être bénéfique.