Le Geopa-Copa est la fédération européenne représentative de l’agriculture, reconnue par les institutions européennes. Le 21 octobre 2021, un Protocole d’accord a été signé à Malmö en Suède entre la présidente de la FEDE, Claude Vivier Le Got, et le président du Geopa-Copa, Joseph Lechner, pour créer des synergies entre les écoles des filières 10 Environnement – Ressources Naturelles – Développement durable et 11 Nature – agriculture –  Elevage de la FEDE, les entreprises et exploitations agricoles. Il s’agira entre autres d’assurer la bonne adéquation entre les programmes pédagogiques de la FEDE et les besoins en compétences du secteur agricole.

Rencontre avec, Joseph Lechner, président du Geopa-Copa, et exploitant agricole de houblon, basé en Alsace.

  • Pendant le séminaire de Malmö, vous avez déploré la perte de deux millions d’employés dans le secteur agricole depuis le début des années 2000. Selon vous, comment votre secteur peut atténuer cette pénurie de main d’œuvre, voire attirer et retenir plus de jeunes et de femmes ?

En effet, les agriculteurs sont de moins en moins nombreux en Europe. Les jeunes se détournent des métiers de l’agriculture, qui souffrent d’une image négative et sont souvent mal connus des conseillers d’orientation. Concomitamment, la moitié des exploitants part à la retraite dans les 10 prochaines années et la demande en salariés qualifiés augmente. Il devient urgent d’agir pour répondre à l’enjeu du renouvellement des générations. Les tendances actuelles telles que la digitalisation et la transition écologique sont aussi bien des défis que des opportunités. La pandémie de la Covid-19 a mis en lumière d’une part la capacité des exploitations à s’appuyer sur les outils numériques et les nouvelles technologies afin d’améliorer la production, le recrutement et les conditions de travail. Et d’autre part, que, de plus en plus de jeunes recherchent une activité professionnelle qui donne du sens à leur vie avec une forme d’authenticité. Des critères qu’ils peuvent retrouver dans les métiers agricoles, proches de la nature et des animaux. Il convient d’accompagner ces évolutions par l’information et l’orientation des jeunes : intervention dans les écoles, visites des exploitations, stages découverte et développement de l’apprentissage permettent de travailler en profondeur sur les idées reçues et de créer des vocations, notamment chez les femmes. Plus que jamais, l’agriculture est un secteur d’avenir. Faisons-le savoir !

  • Lors des discussions en Suède, certains métiers agricoles qui existeront en 2040 ont été présentés. Pouvez-vous nous présenter brièvement un métier agricole qui vous semble avoir un grand avenir ?

L’agriculture est confrontée à un paradoxe : elle doit maintenir (voire accroître) la production, tout en réduisant l’impact sur l’environnement. Dans ce contexte, la robotique est un secteur en plein développement. Elle apporte déjà de nombreuses solutions et devrait continuer à prendre une part de plus en plus importante : drone, robots de traite, pour la récolte de précision, pour le désherbage manuel en agriculture biologique, etc. Le bond technologique des 20 dernières années a été spectaculaire et les possibilités futures sont infinies pour réduire la pénibilité du travail ou l’impact sur l’environnement. Néanmoins, je n’imagine pas des robots en totale autonomie. On aura toujours besoin d’un agriculteur à la manœuvre. Le métier d’agriculteur « opérateur de robots », responsable du pilotage et de l’entretien dans les exploitations, me semble donc avoir un grand avenir. Il conviendra d’intégrer cette dimension technique dans la formation académique des futurs exploitants et salariés agricoles.

  • Du point de vue de la FEDE, l’objectif du partenariat est de créer des synergies entre les écoles de sa filière agriculture et les entreprises et exploitations agricoles, en assurant la bonne adéquation entre programmes pédagogiques et besoins en compétences du secteur. Cette coopération vient à peine de commencer, mais qu’attendez-vous concrètement de ce Protocole d’accord ?

Cet accord de partenariat est une initiative qui me tient très à cœur. Il s’inscrit pleinement dans la politique de notre organisation européenne en faveur de l’attractivité des métiers agricoles. L’objectif est double : accompagner l’adaptation des programmes pédagogiques et créer des passerelles entre les établissements de la FEDE et les membres du GEOPA-COPA. La FNSEA, que je représente au niveau européen, est déjà très engagée auprès des lycées agricoles et veille, avec l’administration, à ce que les diplômes soient adaptés à l’évolution des métiers. Le partenariat avec la FEDE vise à poursuivre ce travail au niveau des établissements d’enseignement supérieur, afin de renforcer la cohérence des formations et de rapprocher les employeurs des jeunes diplômés, à une échelle nationale mais aussi européenne. J’attends de cet accord que des actions concrètes voient le jour, telles que des interventions régulières de nos professionnels dans les établissements de la FEDE, des visites d’exploitations, des bourses aux stages, des échanges européens, ou encore des événements pour récompenser les initiatives étudiantes en faveur de l’agriculture de demain. Ce Protocole d’accord est le point de départ d’un partenariat qu’il conviendra de développer et de faire connaître auprès de nos membres respectifs.

 

Joseph Lechner

Président du Geopa-Copa